Le changement c’est… Ta gueule!

Un jour, alors que je pestais contre un code compliqué à lire et à débuguer, j’ai eu une idée (pour une fois). Mon écran, mon deuxième écran, est du genre à pouvoir se tourner à 90 degrés pour offrir un format portrait à la place du format paysage traditionnel. C’est donc ce que j’ai fait. J’ai ensuite glissé la fenêtre de l’éditeur sur celui-ci et le code est devenu plus limpide. Depuis j’ai conservé cette configuration.

On se laisse vite prendre par une routine qui nous sclérose et bride notre cerveau, il est important et nécessaire de faire un pas de côté pour mieux voir les choses.

Mais pourquoi ce titre?

A la base je voulais, suite à l’article de Thomas sur l’état de grâce et les pouvoir du petit nouveau, faire un article sur le changement, comment procéder au changement, comment améliorer sa résilience, etc…

En creusant le sujet, je me suis rendu compte que c’était un peu tarte à la crème. Dans la classe politique, dans le monde de l’entrepreneuriat, le changement a été érigé comme une valeur principale. Tout le monde affirme avoir changé ou qu’il faut changer ou que le changement c’est… Bref on en parle beaucoup et, bien souvent, on ne l’applique pas vraiment. Pas étonnant quand on sait que ces milieux brillent par leur conservatisme.

D’ailleurs souvent on ressort cette image :

A ceci, je préfère cette prière souffie :

A vingt ans, je n’avais qu’une seule prière: « Mon Dieu, aide-moi à changer le monde, ce monde insoutenable, invivable, d’une telle cruauté, d’une telle injustice. »

Et je me suis battu comme un lion. Au bout de vingt ans, peu de choses avaient changé.

Quand j’ai eu quarante ans, je n’avais qu’une prière: « Mon Dieu, aide-moi à changer ma femme et mes enfants et ma famille. »

Et je me suis battu comme un lion pendant vingt ans, sans résultat.

Maintenant je suis un vieil homme et je n’ai qu’une prière: « Mon Dieu, aide-moi à me changer. »

Et voilà que le monde change autour de moi.

Tout ça pour dire qu’au lieu de vous parler de changement et ne rien apporter réellement au sujet, mes lectures et mes réflexions m’ont plutôt conduit vers la description des habitudes et des rituels et des moyens de les détecter.

Le pouvoir des habitudes

J’ai lu, quelque part, que nous sommes, pour la plupart, des êtres d’habitudes. C’est vrai quand on y pense. Certains plus que d’autres. Pour illustrer cela, j’aime beaucoup cette histoire. Elle met en scène un mathématicien réputé. Un soir son épouse organise une réception et lui demande d’aller à la salle de bain pour se préparer. Ne le voyant pas revenir au bout de 45 minutes, elle se met à le chercher pour le trouver… au lit (tout seul je préfère préciser). En fait il s’était rendu à  la salle de bains et puis avait poursuivi son habitude quotidienne consistant à se brosser les dents, passer un pyjama, puis se mettre au lit comme à l’accoutumé, sans se soucier des invités en train d’arriver pour la soirée.

Sans en arriver jusque là, avez vous déjà remarqué que vous preniez un chemin familier alors que ce n’était pas votre destination. Les habitudes peuvent être bonnes ou mauvaises. La plupart du temps elle permettent d’éviter de se préoccuper de certains aspects de nos vies, de mener notre chemin sans réfléchir à chaque instant comment faire. Respirer est une habitude tellement ancré en nous que nous nous en rendons pas compte que nous le faisons.

Toutefois un bon nombre d’habitudes ne sont pas bonnes. En pratique, dans nos métiers, il est rare que les habitudes nous servent. Nous ne sommes plus à la chaîne, il nous est demandé de faire preuve de créativité, de trouver des nouvelles solutions tous les jours. Nous devrions donc être habitué à changer régulièrement nos manières de faire. Pourtant nous avons aussi nos habitudes, nous nous inscrivons dans des schémas qui cadre nos travaux.

Le tout est de s’en rendre compte.

Détecter les habitudes néfastes

Il y a des signes qui devraient nous alerter et pourtant c’est finalement très compliqué de détecter des habitudes néfastes. Bien souvent on se place dans une zone d’inconfort sans nous en rendre compte. Au fur et à mesure des mes réflexions et mes recherches, je me suis rendu compte que deux méthodes fonctionnent particulièrement bien chez moi pour détecter ça.

La première est de faire appel à un.e ami.e et de lui confier les symptômes qui vous alertent. Ça peut marcher aussi avec pleins d’ami.e.s lors des conférences web qui font du bien. Parler, échanger, réellement être à l’écoute permet d’obtenir un retour pertinent, de voir sous un autre angle le problème qui se posait à vous. On le cite tellement, que ça en devient une évidence, mais l’histoire du développeur coincé dans son bout de code qui fait appel à un.e collègue et qui trouve la solution dès que icelle arrive.

Bon le risque c’est que parfois, on se brouille si on est pas d’accord, ou bien les ami.e.s ne sont pas dispos sur l’instant, ou vous désirez faire ça plus régulièrement et, mine de rien, le budget restau est un peu limité.1

La deuxième méthode est de faire soi même son chemin intérieur par la méditation. C’est même l’un des objectifs de plusieurs méthode de méditation : cultiver l’œil du débutant. Il existe des tas de méthodes pour ça, comme par exemple le STOP

  • S : Stop, arrêter ses activités en cours
  • T : Take a breath, prendre une grande inspiration
  • O: Observe. Observer ce qu’il se passe d’un regard extérieur
  • P : Proceed, procéder en fonction des observations.

Pensez y la prochaine fois que vous vous sentez coincé. Pour aller plus loin, je vous invite aussi à tenter l’exercice du grain de raisin http://www.devop.pro/pleine-conscience-exercice-de-la-meditation-du-raisin-sec.html ou http://touspsys.ning.com/profiles/blogs/exercice-pratique-de

Une fois les habitudes détectées, le plus dur est fait. Bien souvent le simple fait de les identifier permet de trouver une solution. Encore faut il se lancer, mais ça c’est une autre histoire (qu’il faudra bien raconter un jour).

Pour autant, comme je l’ai dit plus haut, toutes les habitudes ne sont pas néfastes, il en existes des pertinentes et qu’il faut conserver et, pourquoi pas, les transformer en rituels.

Ritualiser les habitudes

Tout d’abord, qu’est ce que j’entends par rituel? Pour moi le rituel est une habitude qui a du sens (si j’osais je dirais qui fait sens, mais je déteste cet anglicisme) pour une personne, pour un groupe qui le pratique, pour une population entière.

Le fait de donner du sens à des habitudes, de suivre des rituels, permet d’ancrer sa vie face aux changements incessants. Encore faut il, bien entendu, qu’elle ne perdent pas ce sens. Ce n’est pas pour rien que les méthodes agiles sont bourrés de rituels de toutes sorte.

Pour ma part, j’en ai pas mal, à commencer par mes déplacements quotidien en vélo. Je procède souvent aux mêmes gestes, aux mêmes endroits, croisent les mêmes personnes. Cela me permet d’arriver en forme et de bonne humeur. Je tente aussi de ritualiser des moments d’introspections, de la méditation, du yoga, des choses qui font du bien et qui me permettent, pour un moment, de ne pas penser à quoi et comment faire.

J’ai déjà vu des plongeurs se préparer pour aller en mer, chacun procède à son rituel personnel de vérification, de préparation. Au delà du simple confort, s’en est vital.

Si vous avez des habitudes avec lesquelles vous vous sentez bien, pourquoi ne pas les ritualiser et les répéter? Ce n’est pas un problème 🙂

Toutefois, n’oubliez pas de vérifier de façon régulière, que ces rituels portent toujours du sens. S’ils n’en ont plus, n’hésitez pas un instant à les abandonner. Et ça vaut aussi pour les rituels agiles. Quoi de plus frustrant qu’un stand up meeting ou chacun fait un topo détaillé de sa journée et où tout le monde s’ennuie.

En conclusion

Ceci n’est, bien évidemment, que des réflexions personnelles sur les habitudes. J’essaie, au quotidien, de procéder à ces petits changements pour éviter qu’elles ne gagnent et encroûtent mon travail. Ce n’est pas toujours facile, c’est un peu pour ça que j’ai tenté, sur ce papier, de noter mes bonnes expériences.

Je pourrais en citer d’autres. Parfois je piste également mes petites habitudes, je change de trottoir quand je me rends compte que je prends toujours le même chemin quand je marche, j’essaie des nouvelles choses tout en tentant de régulariser ce qui m’ancre et m’apporte du bien-être.

Au delà de l’informatique, c’est également une façon de vivre, rester le nez au vent, cultiver ses racines et déployer ses ailes.

Vu que vous êtes arrivé jusqu’ici, je vous invite donc à prendre la mesure de votre vie, de vos habitudes, d’en identifier les schémas récurrents et de déterminer si elles vous sont néfastes ou positives afin de les abandonner ou les ritualiser.

Joyeux Noël et Bonne Année.

 

Notes

  1. On me dit qu’on peut faire appel à un canard en plastique aussi.