Pendant le génial atelier de Marie Cécile et Goulven1 qui s’est tenu pendant les élaboratoires de #SudWeb 2016, un truc m’a frappé, c’est la propension de pas mal de gens à faire ce qu’on leur demande. En soi c’est bien, mais parfois ça peut virer à la pathologie, à la négation même de soi. C’est ce qu’on appelle le syndrome de l’enfant sage : quelqu’un qui ne met pas en cause l’autorité et essaie à tout prix de faire ce qu’elle lui demande, de convenir aux demandes de l’autorité souvent en négation de son propre être. Les cas ont plus ou moins extrêmes. On retrouve beaucoup de ces enfants sages dans des écoles très prestigieuses ou bien dans le sport de haut niveau. Quand on cherche à atteindre de très hauts niveaux pour faire plaisir à Papa et Maman (bien souvent plus à Papa qu’à Maman) on finit par retomber de très haut.
Sans aller dans ces niveaux extrêmes, et depuis que je fréquente assidûment diverses confs webs, je retrouve régulièrement des enfants sages aussi. Je rencontre souvent des gens qui ont un peu le même parcours que moi, les mêmes questionnements. Pendant l’atelier que j’avais mené lors des élaboratoires de SudWeb 2012, je pensais parler du métier de développeur. Très rapidement les questions et les échanges ont tourné autour des modalités de ce travail, des difficultés rencontrées et des questionnements plus profonds. Le débat organisé par David Larlet lors de Sud Web 2013 à Avignon m’a confirmé cet aspect-là. Depuis je lis beaucoup d’articles, j’entends beaucoup de conférences sur le sujet et ça me parle beaucoup. Lors de mes questionnements de petit chevalier, ils m’ont beaucoup aidé à passer le cap. J’ai même appliqué certains raisonnements avec plus ou moins de bonheur.
Et c’est tout naturellement que j’ai voulu retransmettre cela, raconter mon expérience. J’ai donc proposé une conf à l’E1 qui, cette année, proposait de parler de l’échec sous toutes les formes (comme de par hasard).
L’E1 est une conférence qui a lieu à Toulon et qui proposait là sa quatrième édition. Je l’ai découvert seulement l’année dernière et n’avais pu y assister l’ayant découvert le jour où elle a eu lieu (dommage) mais le programme, chargé en copains, m’avait attiré. J’ai donc rempli le CFP avec plaisir et allégresse. Ce ne fut pas le cas de la préparation où je suis passé par des montagnes russes émotionnelles (mais ceci est une autre histoire).
Suite à ça, j’ai eu pas mal de retours directs de personnes qui se sont reconnus dans mes constats et mon expérience. Et tout cela me fait dire que pour se guérir de ce syndrome, il faut devenir des sales gosses.
Soyons des sales gosses.
L’enfant sage? Baste, il est temps de ne plus faire tout ce qu’on nous demande dans l’optique de faire plaisir mais plutôt de réagir selon plusieurs points.
Ne plus attendre de permissions
Première chose importante, il faut arrêter d’attendre des permissions qui ne viennent souvent pas. Pourquoi attendre l’hypothétique accord d’un-tel ou d’une-telle pour faire ce qui vous paraît juste? En tant que professionnel vous êtes bien placé pour savoir ce qu’il faut faire et ne pas faire. Au pire vous vous excuserez mais vous n’aurez sans doute pas à le faire. Il y’a des gens qui le disent mieux que moi : http://www.paris-web.fr/2015/conferences/confessions-dun-serial-killer.php
Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?
Tout questionner2 c’est le propre d’un enfant. Avec le temps on apprend à fermer sa gueule se retenir de poser des questions sur tout et n’importe quoi. Parfois questionner un demandeur ou une autorité permet de mieux cerner les besoins liés à une demande. Il est même possible qu’en questionnant votre autorité celle-ci se rende compte qu’elle n’a pas besoin de ce qu’elle vous demande.
Faire de son travail un jeu
Souvent on s’en fait plus que ce qu’on devrait, on se laisse dépasser par les enjeux réels de nos travaux. L’autorité va sortir les phrases magiques du genre « Il faut que… », « C’est indispensable… », « Je ne peux pas me permettre de…3 « … Bien souvent on rentre dans le jeu (en oubliant que c’en est un), la pression monte et l’échec de poindre au loin. Prendre de la distance, jeter un oeil détendu sur les demandes, faire la part des choses. En prenant son travail tel un jeu et en évitant de le lier à son destin, on avance plus loin.
Être soi-même
La phrase qui m’a fait le plus de bien d’entendre cette année est : « C’est ok d’être soi » pendant une conférence de Laetitia Phan. Cette phrase a, en quelque sorte, libéré pas mal de choses en moi. À ce moment-là je vivais le début d’un truc pas cool. J’ai donc gardé cette petite phrase en moi tout ce temps-là. J’ai souvent eu tendance à vouloir ressembler à modèle « idéal » que j’avais en tête. En arrêtant de vouloir à tout prix copier, je me suis libéré et peux mettre en avant mes qualités, ce qui fait de moi un développeur pas comme les autres. Encore faut-il apprendre à se connaître mais ça c’est une autre histoire.
Et vous êtes vous un sale gosse ou un enfant sage?
Notes
- Je recommande la lecture de cet article pour en savoir plus ↩
- D’ailleurs j’ai un sticker « Question Everything » qui me le rappelle tous les jours, merci Laurence ↩
- Merci Bastien ↩