Quick Critique : Prendre la route

Aujourd’hui mon ami d’internet que j’ai, je vais te parler de route et de philosophie avec le livre de Matthew B. Crawford : « Prendre la Route ».

Prendre la route - Matthew B. Crawford - Éditions La Découverte

Si tu ne connais pas l’auteur, peut-être es tu passé à côté de son précédent Opus intitulé « Éloge du carburateur » ? N’hésite pas à te jeter dessus, l’auteur y décrit son parcours de consultant en entreprise recyclé en mécanicien moto professionnel à mi-temps, partagé avec un poste de professeur de philosophie. Cet éloge a eu, je crois, un certain succès en France. C’est sans doute pour cela que son dernier essai a eu droit une traduction en français, ce qui n’est pas le cas de l’excellent « Traffic: Why we drive the way we do (and what it says about us) » de Tom Vanderbilt, que j’ai déjà chroniqué sur mon blog. Pourtant, en lisant l’essai de Crawford, je me dis que les éditions de la Découverte devraient se pencher sur la traduction de Traffic, je pense qu’il y a un public pour ça. Petit clin d’œil d’ailleurs, Crawford fait référence à Traffic dans son premier chapitre.

Désolé pour la digression, je reviens à l’essai ici chroniqué. Quoi t’en dire en résumé ? Il faut savoir 1 que Matthew Crawford et un motard philosophe et, plus encore, c’est un mécanicien féru de vieilles machines. En résumé, c’est un passionné de mécanique qui va vous parler de la route et de son usage. Autant donc bien avoir ça en tête car, à de multiples reprises, la verve du passionné ressort, pour le meilleur et pour le pire. Par exemple, il mettra un chapitre à détailler avec grand plaisir comment remettre en service une vieille Volkswagen et chercher les pièces idéales en allant les chercher auprès d’un gourou de la bielle et dans les pièces détachées standard des Subaru. C’est assez hilarant à suivre. D’autres fois le passionné minimisera les effets de la vitesse dans les statistiques des accidents en affirmant (sans véritable preuve) que les chiffres sont gonflés par les agents constatant les crashs de voiture (et pourtant la vitesse est une facteur déclencheur et aggravant dans un accident).

Le livre reste très pertinent quant à la critique de la politique de mobilité actuelle et la quête autour de la voiture autonome. Le point essentiel qu’il défend, est que les voitures contemporaines mettent de la distance entre le conducteur et l’engin ce qui le mets encore plus à distance de l’environnement autour. Il prétend que c’est par soucis de sécurité, ce qui est sans doute un peu vrai, et d’écologie. Je trouve ce point-là un peu léger, car il fait un parallèle un peu rapide entre tenant du progressisme et écologistes (alors qu’on sait bien que les écolos sont des conservateurs bien sur2). Le bobo écolo a bon dos, mais, mis à part ce petit point qui mériterait peut-être plus d’études, on sent en lui quand même une irritation à voir les écrans investir les tableau de bords des SUV, il ne met pas Tesla ni Uber dans son cœur et prédit que la voiture autonome de Google sera une carpocalypse qui ne résoudra en rien les problèmes de congestions urbaines.

Un autre point que j’ai trouvé intéressant et qui aurait mérité d’être un peu plus creusé, c’est l’impact des smartphones et autres écrans sur la sécurité routière. Il indique que ce problème de détournement d’attention risque d’être un point difficile à combattre. C’est encore plus difficile que l’alcool au volant, car la pression sociale ne peut jouer sur ces infractions. Reste donc de l’éducation et de la prévention à faire et quelques palliatifs techniques.

Petit aparté, dans un chapitre l’auteur évoque le célèbre3 échange entre Bill Gates et General Motors (que j’ai retrouvé sur internet). Depuis Tesla est arrivé et peut-être que la blague est devenu réalité avec tout ce que je peux lire sur ces voitures.

Pour en revenir à notre auteur, je me dis que s’il avait été passionné de vélo, ce qui malheureusement a été impossible suite à une mauvaise aventure avec une racaille sur BMX, l’auteur serait un ardent défenseur des rides urbains et des parcours longues distances, décrivant avec fougue les différentes masses critiques à travers le monde et se régalant de pignons à tous les repas.

Bref autres temps, autres mœurs.
En-tout-cas cet essai se lit assez facilement et rapidement, il apporte un lot intéressant d’arguments et de réflexions. Tu peux passer les chapitres qui ne te parlent pas, c’est OK et surtout lire, si le sujet t’intéresse, l’excellent Traffic de Tom Vanderbilt que je ne recommanderai jamais assez.

Notes

  1. Et tu le seras à la lecture de son précédent essai, désolé du spoil
  2. Un jour je pondrais l’article que j’ai dans la tête sur ma vision de l’écologie et ce qui relève, à mon sens, d’un pur opportunisme qui a bon dos.
  3. Du moins dans le milieu geek